Béatrice MONTARIOL (à gauche) : consultante pour le SIPAR, chargée du développement des projets et de l’appui technique et pédagogique et Sothea SIN (à droite) : Coordinateur des programmes des bibliothèques

Depuis quelques mois, nous travaillons en collaboration avec le SIPAR pour lancer au Cambodge le pilote de notre nouveau projet Nomadlab. Nous avons rencontré Béatrice Montariol et Sothea Sin afin d’en savoir plus.

Pouvez-vous présenter le SIPAR ?

SIPAR est une association créée en 1982 dont la mission est le développement de la lecture pour améliorer la qualité de l’éducation au Cambodge. Nous avons notamment développé sur les 25 dernières années des réseaux de bibliothèques scolaires et mobiles dans les villages. Nous nous sommes ensuite lancés dans les hôpitaux, les prisons, les usines textiles, et, tout récemment, dans les briqueteries. Ce qui nous permet d’atteindre de plus en plus de populations défavorisées.

Nous avons également une activité d’édition de livres en khmer. Nos collections vont des livres pour bébé à l’adulte (avec des fictions, des documentaires et des livres de “vie pratique” (“life skills”)).

Enfin, nous avons également des projets de développement de Clubs de jeunes dans des districts éloignés. Ces structures, qui sont enregistrées en tant qu’Organisations Communautaires de Base auprès des communes, sont animées par des jeunes bénévoles, collégiens et lycéens, qui mènent des activités, auprès d’écoliers principalement autour de la promotion de la lecture, du soutien scolaire, ainsi que la sensibilisation des habitants à un certain nombre de problématiques (droits de l’enfant, scolarisation, drogue…).

Nous travaillons de manière très étroite avec les autorités locales, notamment le ministère de l’éducation.

A ce jour, nous comptons 304 bibliothèques dans les écoles primaires et les lycées. Les bibliothèques en écoles primaires sont complètement autonomes aujourd’hui et nous nous tournons maintenant plus vers le secondaire et notamment l’orientation professionnelle des jeunes.

Quels sont vos liens avec Passerelles numériques (PN) ?

Nous connaissons PN depuis l’ouverture de son premier programme au Cambodge en 2005, et nous avons toujours suivi de près ou de loin son développement. Lorsque Maud Lhuillier (NDLR : Directrice Asie de Passerelles numériques) nous a contactés à propos de leur projet de NomadLab, nous les avons rapidement rencontrés afin d’en savoir plus sur ce projet.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet de NomadLab et sur ce qui vous a convaincu de vous y associer ?

Ce projet est arrivé au bon moment pour nous, car il répond parfaitement à un de nos objectifs actuel : accompagner les collégiens et lycéens dans leur orientation professionnelle. Nous nous sommes en effet aperçu que les bibliothèques seules ne suffisent pas. Il est nécessaire d’avoir un coin “orientation professionnelle” pour les accompagner dans leur choix, et les préparer au mieux à de futures études supérieures ou formations professionnelles.

Lorsque PN est venu nous présenter son projet de NomadLab, nous y avons tout de suite vu une opportunité d’utiliser cet outil pour cela.

En effet, NomadLab est une “boîte” mobile, composée de 8 tablettes, reliées à des ordinateurs Raspberry Pi. Des logiciels et du contenu open-source, soigneusement sélectionnés, seront disponibles sur ces tablettes. Enfin, Passerelles numériques, en plus de s’occuper de la partie matérielle et du contenu, intègre également dans sa solution une partie “formation de formateurs”.

Intégrer du contenu permettant d’accompagner les collégiens et lycéens dans leurs choix d’orientation professionnelle nous paraissait être une solution très pertinente. Car en plus de la mise à disposition de ce contenu, l’utilisation de tablettes permettra à ces jeunes, qui n’ont habituellement pas accès à ces outils numériques, d’apprendre à s’en servir. Ils seront ainsi mieux équiper pour intégrer des formations qui demandent la connaissance et la maîtrise d’outils informatiques.

D’un côté, PN, avec son projet de NomadLab, avait le souhait de sortir de Phnom Penh et de rendre accessible l’outil numérique à des jeunes qui en sont privés, et de mettre au service de ces jeunes leur expertise en matière de pédagogie. Et de l’autre, chez SIPAR, nous commencions à réfléchir à la problématique d’accès au numériques dans nos sites et pour nos actions, mais nous n’avons pas d’expertise dans ce domaine. En revanche, nous avons l’expérience et un réseau qui s’étend dans les provinces, avec des moyens d’atteindre les jeunes avec des bibliothèques fixes ou mobiles, et les Clubs de Jeunes.

Il était donc évident pour nous qu’il fallait s’associer à PN, et leur projet de NomadLab !

Où en est le projet NomadLab aujourd’hui ?

Après avoir exprimé nos besoins en terme de contenu, Passerelles numériques a travaillé sur le choix, la présentation et la mise à disposition des contenus (application d’aide à l’orientation professionnelle, évaluation des compétences, connaissance de soi, “Soft Skills”…), le paramétrage du matériel, ainsi que la formation des responsables de bibliothèques.

Le premier pilote va être très prochainement installé dans la bibliothèque d’un lycée dans la province de Kompong Cham !

Et dans le futur ?

Notre ambition est de continuer à travailler ensemble pour déployer Nomad Lab dans les bibliothèques de lycées ainsi que dans nos Clubs de Jeunes.

Après le déploiement de 2-3 pilotes, nous allons étudier les résultats, l’impact et faire un retour d’expérience. Nous allons évaluer la pertinence du contenu, l’appropriation par les utilisateurs, mais aussi la facilité d’utilisation et de maintenance du matériel, afin d’effectuer les ajustements nécessaires le cas échéant.

Nous pourrons alors ensuite solliciter conjointement des financements afin de pouvoir déployer à plus grande échelle !

Merci pour cet échange, nous avons hâte de voir se concrétiser ce projet !